Esprit torturé cherche solution adaptée
Il y a des choses qui passent, dautres non. Parfois, un sourire vous pétrifie, et change votre vie. Et puis il y a Lui. Lui qui vous fait fondre, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pour tout. Lui qui est loin, et que vous oubliez, un peu. Et puis, il y a les autres. Qui défilent. Que vous pensez aimer, que vous aimez peut-être et puis un jour vous Le revoyez. Et là, lautre semble fade, quels que soient ses attraits. Et Lui vous remplit lesprit, toujours, encore, une seconde, un instant, et puis tel un papillon, dun battement dailes sen va à nouveau. Disparaît. Alors vous reprenez votre vie tranquille avec lautre, faites contre mauvaise fortune bon cur, et tout ne va pas si mal
Hasard ? Inconscient, tu nous étonneras toujours
Vous passez dans sa ville. Vous êtes chez un autre, mais quimporte, vous Lappelez, Lui, cet *Ami*, et vous le revoyez encore quel bonheur. Le passé nest plus, le futur a cessé dêtre, le moment présent est si agréable. Il est tel que vous en rêvez encore, égal à Lui même. Et puis, cest ainsi, la vie, parfois, est cruelle, vous vous quittez en évitant, cela va de soi les effusions lacrymales.
Pourquoi samouracher ainsi lorsque cest impossible, vraiment ? Pourtant, le soir, en vous endormant, vous pensez encore que cétait si
Comment même oser essayer de décrire un tel instant ? La vie, parfois, est très cruelle. Quand le reverrez-vous seulement ? Au prochain tremblement de terre, sûrement. Vous en avez la gorge nouée, vraiment. Surtout, quon ne vous demande pas comment vous allez, sinon vous risquez de concurrencer les chutes du Niagara dans le débit mètre cube/seconde de vos larmes. Sainte Madeleine na quà bien se tenir.
Vous reprenez votre vie, tranquille. Il y a quelque chose de pourri dans le Royaume du Danemark, un grain de sable dans lhuître, une tâche sur le passeport hongrois, bref, quelque chose qui vous démolit. Pendant une bonne semaine, vous êtes là, morne, triste, esseulée, à ne penser quà lui. Cest là que vous avez limpression quune coalition sest montée contre vous, car tout ce que vous faites vous ramène à lui : le sujet que vous devez travailler, le personnage principal du livre que vous lisez, ou du film que vous allez voir, a, à coup sûr, le même prénom que lui. Cest un fait.
Bien sûr, au moment où vous vous êtes résignée, le téléphone sonne, et Il vous appelle, histoire de prendre des nouvelles, ou bien vous envoie un e-mail
Il y a de nombreuses variantes de la crise cardiaque sentimentale, je crois. Leffet, par contre, est toujours réussi, si je puis mexprimer ainsi. Vous laviez presque oublié. Vous étiez presque parvenue à vous faire une raison, et là, en une seconde, un instant, tel un papillon, dun battement dailes, Il revient se poser sur votre main.
Vous verrez comme cest agaçant, Il revient toujours. Toujours, lesprit compare. Il est tellement plus ceci, beaucoup moins cela
En deux mots : tellement mieux. Vous ladmirez, admettez, vous laimez, sa voix vous apaise lorsque vous avez les nerfs à fleur de peau, son regard pétille, quand vous êtes ensemble, la Terre peut sarrêter de tourner, peu importe.
Et on ne vous comprend pas. Est-ce que ça fait in de vivre telle lhéroïne naïve dun roman de seconde zone ? Dailleurs, avez-vous même osé en parler lorsquon vous a demandé ce que vous aviez ? Le monde, autour, est tellement plus allègre, insouciant, volage
Et Lui tellement
Le monde, après tout, ne vous appartient-il pas un peu aussi ? Que ne le faites-vous pas changer ? Décidez. Ou le roman de gare terminera sa course dans la poubelle la plus proche. Aux oubliettes. A jamais.
Alors dites-Lui, si telle est votre envie. Ou pas, si vous préférez garder lidylle à peine esquissée dans un coin de votre cur. A vous de choisir. Rappelez-vous seulement que la vie est courte, parfois cruelle, mais aussi tellement belle
11/2002
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils shabitueront »
René Char